Ayant en très grande partie échappé au remembrement, Plouharnel se distingue par le fait que ses chemins bordés de murs en pierre sèche ont été particulièrement préservés. Plouharnel est aussi le territoire de nombreux sites mégalithiques, que le classement récent de l’Unesco a remis en lumière.

C’est donc en raison de ses nombreux murets de pierre sèche en relation avec cet environnement mégalithes que Plouharnel a été une des 50 communes « Coup de cœur » désigné par le Service régional de l’inventaire culturel de la Région Bretagne pour les Journées Européennes du Patrimoine 2025. Plouharnel apparaissait d’ailleurs en bonne place dans l’édition spéciale de Ouest-France diffusée à cette occasion.

Notre association a été associée très en amont à la préparation et à l’animation de ces deux journées du patrimoine des 20 et 21 septembre 2025. La région Bretagne, la communauté de commune ont mis en place, avec notre aide, 3 barnums sur la place du marché, ce qui a permis d’accueillir et de renseigner de nombreux visiteurs.

La région Bretagne présentait un certain nombre de brochures sur le patrimoine et sa protection. Deux exemples : la région Bretagne a édité le très beau guide Connaître les architectures en pierre sèche, à télécharger ici, et l’association Paysages de Mégalithes a réalisé un Guide d’entretien des abords des megalithes, à télécharger ici.

Le stand faisait aussi la démonstration de Glad, le logiciel d’inventaire du patrimoine Breton. Les volontaires qui, à Plouharnel, contribuent à enrichir cet inventaire participatif étaient aussi présents pour échanger avec le public.

Une autre activité proposée à la sagacité des visiteurs était d’aider à l’identification de photos du patrimoine de Plouharnel. Chacun a essayé de reconnaître l’endroit où avait été prise une cinquantaine de clichés de maisons, lavoirs, croix, fontaines…

La communauté de communes d’Auray Quiberon Terre Atlantique, pour sa part, présentait en particulier la toute nouvelle brochure « Le sentier des Mégalithes de Plouharnel ». La brochure décrit de manière très illustrée deux circuits permettant de découvrir le patrimoine mégalithique de la commune, mais aussi ses murets de pierre sèche, ainsi que l’environnement bocager de la commune.

Pour sa part, notre association a tenu un stand pour présenter ses valeurs et ses actions. Des membres se sont mobilisés pour accueillir de nouveaux adhérents, débroussailleurs et contributeurs pour l’inventaire des chemins. Ces journées ont été l’occasion d’échanger sur nos actions d’ouverture de chemins et de combat pour éviter la fermeture de chemins et lutter contre la destruction des murs, faire aimer nos chemins et convaincre les visiteurs de devenir adhérents de l’association. Nous présentions de nombreux documents historiques concernant nos chemins et murets. Les visiteurs ont beaucoup discuté autour de la reproduction d’une ancienne carte postale datant du tout début du XX^ème siècle, montrant le bourg de Plouharnel et les murets de pierre sèche qui l’entouraient alors. Il reste à identifier précisément d’où cette photo a été prise, mais la cheminée de l’ancienne boulangerie-minoterie de Plouharnel est un indice qui devrait nous y aider.

Tout au long du WE, plusieurs « visites flash », animées par l’association, ont permis de faire découvrir le très beau muret qui borde le chemin de Kergonan.

Samedi matin et Dimanche après-midi, ont été organisées, avec des guides-conférenciers de la région et d’AQTA, deux boucles autour de Plouharnel. 

La première halte est effectuée au dolmen de Rondossec. Notre guide rappelle le contexte du mégalithisme : 

• la transition entre les chasseurs-cueilleurs du mésolithique, et la sédentarisation liée à l’agriculture du Néolithique.
• la concentration exceptionnelle de mégalithes, dans la région de Carnac et du littoral du Morbihan

Sont abordés aussi les enjeux de la protection du patrimoine. La découverte en 1849, à Rondossec, de 2 colliers d’or a entraîné à l’époque d’innombrables fouilles sauvages et la détérioration de nombreux sites archéologiques de la région. Ces colliers, datant du tout début de l’âge de fer, sont en fait exceptionnels et on ne trouve quasiment aucun objet en or dans les sépultures néolithiques. Plus récemment, les structures mégalithiques ont été excavées pour leurs pierres : à Rondossec par exemple, une véritable carrière avait été creusée pour récupérer des pierres. Le chemin qui permet de monter au sommet du tumulus est d’ailleurs tracé sur les remblais de cette carrière, ce qui permet d’éviter le piétinement des couches archéologiques. L’état, sous l’impulsion de l’archéologue Felix Gaillard, à procédé alors à de nombreuses acquisitions de parcelles entourant les structures mégalithiques. Des bornes avec une inscription en rouge, comme celle qui jouxte le dolmen de Rondossec, attestent de la volonté de préserver ce patrimoine.

Le circuit parcourait ensuite le chemin reliant Rondossec et la route de Sainte-Barbe, constatant au passage la destruction récente d’un muret de pierre sèche. Pour éviter d’autres destructions similaires, nous rappelons que l’un des buts de l’association est de mieux protéger ce patrimoine, en particulier à travers le Plan Local d’Urbanisme.

Nous empruntons ensuite le très beau chemin qui relie le hameau de Kerzivienne et la route d’Erdeven. Une pause ombragée permet de parler de l’art de la construction en pierre sèche, un savoir-faire présent partout dans le monde, et classé depuis 2024 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Dans notre région, ces linéaires de murets en pierre sèche ont une très grande importance dans la structuration des paysages.

Nous découvrons ensuite le site du Vieux Moulin. Site icônique de Plouharnel, il a été amplement photographié au début du XXème siècle. On voit le vieux Moulin, encore en activité, et la borne de l’état dans la photo ancienne ci dessous, qui est prise depuis le champs d’herbes folles derrière notre conférencière.

Puis le groupe traverse le hameau de Kerhellegant. Jacques, vice président de l’association et résident de ce hameau, nous parle de l’ancien bar et du relais de poste qui, selon la tradition, se trouve le long de la route qui va de Plouharnel à Erdeven.

La halte suivante nous permet de découvrir ce qui reste des alignements de Sainte-Barbe. Seules 26 stèles organisées en 3 files, et un peu plus d’une dizaine de menhirs dans les parcelles et murets alentours sont aujourd’hui visibles, alors que les plans et écrits du début du XIXème siècle relevaient la présence de 53 stèles[ref]Observations on the Dracontium of Carnac, reverend John Bathurst Deane, 1838[/ref]. Des recherches récentes semblent indiquer que l’alignement de Sainte-Barbe comportait à l’origine plusieurs files de stèles sur près de 290 mètres de longueur, en lien avec les alignements du Vieux Moulin que nous venons de visiter.

Le cricuit se poursuivait par la traversée du Sainte-Barbe, avec sa magnifique chapelle et son ensemble de lavoirs et de fontaines, puis se terminait par le chemin du Mane Bégo. Au sommet, les visiteurs ont pu découvrir la baie à marée haute, pendant que notre président évoquait avec eux le passé de ce belvédère (utilisé aussi bien par le général Hoche pendant la révolution que par les allemands pendant la seconde guerre mondiale), la saga du débroussaillage du chemin pour le rendre à nouveau accessible et présentait le projet de belvédère porté par l’association.

Deux jours intenses donc pour valoriser les chemins, éléments de notre patrimoine. Un très grand merci à Delphine, Julien, Nathalie, Paul-Alexis, ainsi que tous les bénévoles et participants de l’asso , Odile, Valérie, Martine, Sofie, Nicolas, Jacques E et Jacques M, Patrick et Yvan pour leurs soutiens, aux services techniques de Plouharnel pour leur travail de nettoyage des chemins empruntés et au café Ty Bouchon pour la sécurisation des équipements pendant la nuit .